Et le e-learning dans tout ça ?
ArticlesVous ne savez que trop pourquoi, depuis un an le distanciel est le principal format de dispositif de formation qui fonctionne. Au cours des douze derniers mois, la classe virtuelle a balayé la notion de contenus e-learning à tel point qu’on peut se demander si ces derniers continueront d’exister après la crise sanitaire. Une fois de plus, le marché de la formation pourrait tomber dans son travers habituel de la disruption à tout va. Prenons un instant pour calmer le jeu.
Distanciel, digital learning, e-learning, de quoi parle-t-on ?
Alors qu’ils sont souvent utilisés comme synonymes, ces termes ne le sont pourtant pas. Autorisons-nous une petite définition de ces 3 terminologies.
Tout d’abord, le distanciel signifie tout simplement le fait de ne pas être en présentiel, il correspond donc à une définition physique de la formation. Le distanciel n’a donc rien de moderne, le CNED forme depuis des générations en distanciel en s’appuyant sur le courrier postal.
Le digital learning, c’est l’usage des outils digitaux dans la formation et ce qu’elle soit distancielle ou présentielle. Alors oui, si vous utilisez Klaxoon, Kahoot, Wooclap ou encore BeeCast dans vos salles de formation pour créer de l’interactivité synchrone (en présence du formateur), vous êtes entré(e) dans l’ère du digital learning.
Venons-en au e-learning. Il s’agit de contenus interactifs asynchrones (sans la présence du formateur), c’est-à-dire des modules de formation dans lequel l’apprenant navigue en autonomie. Ils contiennent des apports notionnels sous la forme de textes, animations, vidéos, etc, et des évaluations formatives qui ont pour objectif de mesurer et réduire l’écart entre l’objectif pédagogique et le niveau de l’apprenant. Ces évaluations sont aussi appelées « feedback » et ce sont elles qui apportent la richesse interactive des modules e-learning.
Pourquoi le e-learning est mal perçu aujourd’hui ?
Maintenant que nous savons de quoi nous parlons, posons-nous la question de ce qui justifie la mauvaise presse des contenus e-learning. Les raisons sont nombreuses mais elles sont toutes mauvaises.
Première raison : le marketing du marché de la formation à distance. En peine d’inventer des choses nouvelles, ce marché s’est souvent contenté de modifier le wording. Aujourd’hui, ce n’est plus du e-learning qu’il faut faire mais du « machin-truc-learning ». Remplacez « Machin-truc » par « Rapid » « Game », « Social », « Collaborative » « Digital » ou tout autre terme à la mode et vous aurez l’air d’être un expert de ce marché.
La seconde raison, c’est la croyance historique (utopique) que de simples modules asynchrones auto-formatifs pourraient remplacer à eux seuls des formations pleines et entières. Comme si la « dictée magique » de Texas Instrument avait remplacé les enseignants et les cours de français. Pour les moins de 35 ans, je vous conseille de remplacer « Dictée Magique » par « Projet Voltaire », la référence sera peut-être plus parlante.
Pour rester dans l’analogie scolaire, l’objectif n’est jamais de savoir s’il vaut mieux ne faire que des TP ou des TD, des devoirs à la maison ou des examens, ou encore s’il est préférable d’avoir un professeur ou de réviser ses leçons. Evidement tous ces éléments sont complémentaires et c’est bien l’équilibre de ces modalités qui fait la pertinence d’un dispositif.
Comment faire du bon e-learning ?
Lorsque qu’on a intégré que le e-learning était un composant des dispositifs distanciels et non le dispositif lui-même ; lorsqu’on a compris que celui-ci devait nécessairement cohabiter avec les classes virtuelles, le tutorat, les travaux des apprenants, etc ; alors on est prêt à faire du bon, du beau et de l’efficient e-learning.
Mais il vous reste une dernière étape : passer de « vous êtes prêt à » à « vous êtes capable de » faire des modules e-learning.
Devenir concepteur de ressources e-learning requiert quelques connaissances tant sur les aspects méthodologiques (scénarisation, gestion de projet, coordination, pilotage économique, etc.) que techniques (utilisation des outils auteurs, LCMS, média audio et vidéo, etc.)
Cette spécialisation métier de plus en plus recherchée par les services formation peut faire aujourd’hui partie du savoir-faire d’un formateur, sans pour autant évincer les autres composantes de la formation. Il existe des formations certifiantes reconnue au niveau national qui valorise directement les acteurs de la formation : devenez Concepteur-trices de ressources e-learning.
1 commentaire
Merci de cette vidéo, éclairante d’ailleurs sur la conduite à tenir pour la suite.
Il ne faut pas oublier qu’un certain pan de la population en situation de handicap est en attente également de solutions en e-learning. Par exemple, les mamans en mal de garde d’enfants souhaitent se former à distance. Le e-learning est decrié ou réduit à du synchrone par des professionnels conventionnels qui depuis la crise sanitaire se sont sentis menacés par ce changement de cap brutal. Habitués au mode présentiel très peu ont pu y faire face. Le e-learning est un atout majeur dans la formation de demain avec lequel il faudra compter même s’il connaît aujourd’hui quelques fluctuations.
Rassurer par le résultat obtenu auprès des apprenants en sera la meilleure démonstration.